Les « cougars », aussi appelées femmes « puma », se réfère à des femmes plus âgées (généralement de 40 ans ou plus) qui ont des relations sexuelles, amoureuses ou affectives avec des hommes plus jeunes qu’elles. Le terme cougar est censé traduire des comportements de prédatrices, c’est-à-dire que ces femmes seraient des chasseuses à la recherche de jeunes proies « à croquer ». Ce stéréotype n’a pas d’équivalent du côté des hommes. Pourquoi cette différence ?

Les relations de pouvoir au sein d’un couple hétérosexuel

Au sein d’un couple hétérosexuel, la règle socialement acceptée (dans les films, dans notre quotidien, etc.), c’est un homme plus âgé qui a bien souvent plus d’argent et de biens, un statut social plus élevé, un plus grand réseau (professionnel, amical, etc.) que sa conjointe plus jeune. Cette accumulation du pouvoir (économique, symbolique, culturel, etc.) s’explique en partie par son âge plus avancé qui lui a permis, au fil des années, d’accumuler du capital, de l’expérience professionnelle, des contacts, etc.

Autrement dit, l’âge peut être un facteur exacerbant les inégalités au sein d’un couple, redistribuant éventuellement le pouvoir inéquitablement entre les deux partenaires. Or, il est socialement admis que les hommes se trouvent plus souvent dans des positions dominantes tandis que les femmes se trouvent dans des situations généralement dévalorisé·e·s. Être cougar, c’est donc potentiellement inverser les normes communément acceptées. Car, globalement, une femme plus âgée a bien avancé dans sa carrière, est indépendante financièrement, a ses propres biens, ses relations et sa famille et surtout, elle se connaît davantage et s’affirme plus.

La sexualité normative : entre âgisme et sexisme

La sexualité des femmes a longtemps été contrôlée au regard de la reproduction : être en âge de procréer, être désirable, devenir une mère, être ménopausée, etc. L’âgisme ambiant dans notre société frappe plus durement les femmes que les hommes en leur assignant une « date de péremption » (à la ménopause) tandis que les hommes se « bonifieraient » avec le temps. C’est un phénomène relevant du sexisme et de l’âgisme. Cela veut dire que les femmes sont valorisées pour leur apparence physique, leur degré de désirabilité pour les hommes, et ce même degré de beauté est évalué à l’aune de leur jeunesse. Le marché des cosmétiques en est le parfait exemple : crème anti-rides, « effet liftant », coloration pour les cheveux gris, etc.

Les hommes, cependant, sont valorisés pour leurs compétences, leur caractère, leur expérience… Des éléments qui s’acquièrent… avec le temps ! Par conséquent, leurs cheveux gris et autres affres du temps sont vus plus positivement. Dans ce contexte, les femmes de 40 ans ne seraient plus perçues comme attirantes, ayant déjà fait leur « service de reproduction ». Leur sexualité serait devenue indésirable, voire propre à la moquerie, d’où le terme péjoratif de « cougar », de chasseuse de proie…

Qui sont-elles réellement ?

Malgré un traitement médiatique et culturel qui brosse un portrait volontairement pathétique des femmes « cougars », il existe finalement peu d’études sur les femmes qui ont des relations affectives, amoureuses et sexuelles avec des partenaires plus jeunes. Selon l’étude de la chercheuse Milaine Alarie [1] qui a interrogé une septantaine de femmes, toutes rejettent le stéréotype de « cougar » qui suppose une relation de pouvoir malsain dominante/dominé. Ces dernières n’ont pas toutes volontairement cherché un partenaire plus jeune. Un élément saillant de l’étude est la sexualité épanouie des femmes interviewées qui est soulignée par ces dernières et leurs partenaires. En effet, selon la chercheuse, « les femmes se sentent valorisées, osent se montrer proactives et expriment leurs désirs face à des hommes plus jeunes, cherchant à les satisfaire (et les impressionner) avant tout. Au final, ça influence leur satisfaction sexuelle. Il y a une dynamique nouvelle : en se sentant admirées, valorisées, les femmes seraient “encouragées” par les jeunes hommes à être proactives.

En comparaison avec la sexualité des femmes plus jeunes, l’épanouissement sexuel serait moindre pour plusieurs raisons : moins à l’aise dans leur corps, en pleine découverte, difficultés à s’imposer et à s’affirmer… ». Dans tous les cas, pour une sexualité épanouissante, l’âgisme et le sexisme ne font pas « bon ménage ». Il est temps d’en finir avec ces stéréotypes sur la sexualité féminine en rayant le terme « cougar » de notre langage !

[1] ALARIE Milaine, « Sleeping With Younger Men: Women’s Accounts of Sexual Interplay in Age-Hypogamous Intimate Relationships », The Journal of Sex Research, 57 (3), 2020, pp.322-334.

Autrice
AutriceAnissa D'Ortenzio