
Il y a autant de féminismes que de féministes. Et pour faire passer des idées progressistes au sein de la société, presque autant de moyens d’action possibles ! Certaines initiatives se distinguent par leur caractère original, audacieux, novateur. On vous en présente quelques-unes. N’hésitez pas à vous en inspirer !
LA BARBE

Intervention de La Barbe, lors des Trophées de l’économie numérique, le 28 mai 2014
Qui ? Quand ? Où ?
La Barbe est un groupe d’action féministe né en France. Parmi les fondatrices, on retrouve notamment Marie de Cenival et l’autrice Alice Coffin. La première action de Barbe a eu lieu en 2008 à Paris, le collectif est toujours actif en 2025, via différentes antennes.
Moyens d’action ?
La Barbe pratique un activisme fondé sur le coup d’éclat et l’ironie. Le collectif s’invite dans les lieux de pouvoir où les femmes sont trop peu — ou pas du tout — représentées : conférences politiques, assemblées générales d’actionnaires, panels d’experts, mais aussi des remises de prix littéraires, cérémonies du cinéma, etc. À la façon d’un happening, les activistes de la Barbe surgissent sur scène pour féliciter les assemblées masculines de leur résistance à la féminisation. Affublées de barbes synthétiques, elles énumèrent les statistiques genrées et prénoms masculins qui composent les lieux de pouvoir, avec un humour absurde et caustique.
Extrait d’un discours : « Vous n’atteignez même pas 90 % d’orateurs mâles, vous pouvez mieux faire ! L’espoir d’un 100 % est permis ! L’Homme est l’avenir de l’Homme. » [1]
La Barbe totalise plus de 220 interventions, et des antennes de la Barbe existent maintenant dans plusieurs villes de France, mais aussi… en Belgique, à Liège !
La Barbe Liège, qui existe depuis 2020, a notamment épinglé le festival Les Ardentes et sa programmation très masculine, un panel urbanistique 100 % masculin organisé par la Ville de Liège ou encore « Les Grandes Conférences Liégeoises », en proposant sa version moins masculinocentrée et beaucoup plus inclusive : « Les Très Grandes Conférences Liégeoises » !
Pour en savoir + : https://labarbelabarbe.org, https://labarbeliege.be
FEMMES AU CAFÉ — AWSA-BE (Arab Women’s Solidarity Association)

Le projet Femmes au Café
Qui ? Quand ? Où ?
AWSA est une association féministe belge de femmes issues du monde arabe créée en 2006. Parmi ses fondatrices, on retrouve Zakia Khattabi, femme politique belgo-marocaine et ancienne ministre. Le projet Femmes au café a débuté en 2008 à Bruxelles.
Moyens d’action ?
Constatant que les femmes n’osent pas franchir la porte de certains cafés de leur propre quartier, AWSA réunit des groupes de femmes et organise des sorties mensuelles dans des cafés à forte fréquentation masculine. Le but : oeuvrer contre les interdits culturels, pour plus de mixité, engager la conversation avec les hommes présents pour faire changer les mentalités et faire progresser l’égalité femmes-hommes. Prendre l’espace, se faire une place, progressivement…
Elles ont développé un modus operandi, documentent leurs actions, prennent note des « perles » entendues lors de conversations, et ont développé des outils pédagogiques pour mieux faire face à des arguments conservateurs ou misogynes.
Leur but est d’oeuvrer lentement, mais de façon régulière et suivie. C’est un succès, puisque Femmes au café poursuit ses actions depuis déjà 17 ans !
Pour en savoir + : www.awsa.be
ÉDITATHON FÉMINISTE

Editathon Art+Feminisms 2017
Qui ? Quand ? Où ?
Le premier éditathon a été lancé par l’association Art + Feminism à New York en 2014. Depuis, de nombreux collectifs ont organisé leur propre édition, par exemple à Bruxelles avec Just For The Record, à Liège avec Territoires de la Mémoire, en France à Grenoble avec La Casemate, etc.
Moyens d’action ?
Un éditathon féministe a pour but de développer la visibilité des femmes en ligne sur des plateformes participatives — comme Wikipédia. C’est un marathon convivial, de durée variable, où des personnes de toutes compétences se réunissent pour éditer ensemble, ajouter des « entrées » consacrées à des femmes sur Wikipédia et en discuter. Mais pourquoi ? D’où vient cette idée ? Eh bien, du constat que seulement 20 % des biographies sur Wikipédia concernent des femmes. Mais aussi que les femmes ne représentent que 20 % des contributrices·teurs à la plateforme.
Et pour favoriser la participation de tou∙te∙s et démocratiser l’accès aux outils technologiques, les éditathons offrent une petite formation à l’édition en ligne.
Ces dernières années, on a vu des éditathons consacrés aux femmes artistes, aux militantes environnementales, aux femmes scientifiques, aux femmes en résistance, ou aux femmes tout court. Il n’y a plus qu’à s’y mettre !
[1] LA BARBE, Intervention au Forum CNAM (Conservatoire National des Arts et Métiers), 09/11/2016.




