Analyse réalisée par Rosine Herlemont

Le terme ubérisation renvoie à différentes appellations, tantôt économie de service à la demande, tantôt économie de partage ou économie collaborative, tantôt encore économie de post salariat. L’ubérisation se présente comme la plus grande révolution sociétale depuis la révolution industrielle du milieu du 19ème siècle, celle qui, bouleversant les relations sociales, va libérer le travail et émanciper l’individu grâce aux nouvelles technologies numériques. La réalité est beaucoup moins rose puisque l’ère de l’uberisation entraîne, de fait, le monde du travail vers une situation qui prévalait avant la construction lente et difficile de l’état social de bien-être[2], opérant un retour spectaculaire au cœur du 19ème siècle, à l’époque du travail à la tâche[3].  L’exploitation de l’être humain et la précarisation sociale caractérisent, en effet, l’organisation du travail présentée  comme innovante en cette aube du 21ème siècle. Ce que la mondialisation de l’économie et les politiques néo-libérales qui l’accompagnent tentent de faire depuis quatre décennies : l’érosion progressive de la sécurité sociales, le démantèlement du droit social, l’allongement du temps de travail, la répartition de moins en moins équitable entre revenus du capital et revenus du travail, l’évasion fiscale, etc., l’ubérisation pourrait l’entrainer beaucoup plus rapidement…

[2] Nous préférons cette expression empruntée à l’anglais (Welfare state) à celle d’état providence, appelée ainsi en France par ses détracteurs libéraux. Cet état se caractérise par une sécurité sociale de plus en plus développée, une diminution constante du temps de travail, des services publics en extension et est  financé par une fiscalité progressive permettant une répartition plus juste des richesses produites. Le salariat en est le pivot.

[3] Lorsque la machine à coudre mobile a été inventée, les ouvrières de la confection furent renvoyées à domicile pour coudre les vêtements. Mises en concurrence entre elles, elles étaient payées à la pièce au moindre coût. Le patron brisait ainsi toute solidarité entre elles. Ce mode de production fut étendu à d’autres domaines industriels.

Lire l’analyse complète publiée en novembre 2018 : Analyse2018-uberisation