Analyse réalisée par Sandra Roubin

Ces derniers mois/années, les mouvements féministes ont beaucoup porté leur attention sur les composantes sexistes de la langue française. Nous, les Femmes Prévoyantes Socialistes (FPS), prenons également très au sérieux ce cas particulier de violence exercée sur les femmes. Quoi de plus nuisible en effet que l’emploi quotidien d’une langue qui, à travers sa construction grammaticale sexiste et son vocabulaire injurieux, dévalorise toutes les femmes ? Notre parler « fixe les représentations symboliques, et se fait l’écho des préjugés et des stéréotypes, en même temps qu’il alimente et entretient ceux-ci » (Yaguello, 1987 : 8). Et ce qui occulte la perception des différences dans notre domaine linguistique, c’est la familiarité, l’absence de recul. Habitué∙es à parler notre langue depuis la naissance, nous n’avons pas conscience des phénomènes d’invisibilisation des femmes et de leur dévalorisation. Dans cette analyse, nous allons mettre en lumière ces « petites règles » et particularités sémantiques qui contribuent au sexisme ambiant.

Ce dernier s’incruste dans les moindres interstices de la langue française : à travers son fonctionnement, sa grammaire (absorption du féminin par le masculin), ses dissymétries sémantiques (inégalité de sens entre un mot masculin et son pendant féminin), son mépris pour les femmes (voir la pléiade de qualificatifs injurieux servant à désigner les femmes), son identification sociale des femmes (définies par le père ou le mari) et à travers les dictionnaires enfin, parsemés de-ci de-là de citations sexistes dévalorisant les femmes (Yaguello, 1987).

Dans les lignes qui suivent, nous allons revenir sur les différentes règles qui invisibilisent les femmes et qui, comme nous allons le voir, sont assez récentes (XVIIe-XVIIIe siècle) et ont été adaptées grammaticalement dans un souci de mettre en avant le genre masculin, le « genre le plus noble ». Nous nous concentrerons un instant sur les noms de métier, dont la féminisation n’est pas encore aboutie, sur la manière de nommer les femmes mariées, sur la construction d’un vocabulaire français sexiste et sur la double connotation du mot « homme ». Dans une deuxième partie, nous relaterons la réaction de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) face au constat du sexisme dans la langue française et porterons un regard critique sur le guide qu’elle a réalisé, dont l’objet est la féminisation des noms de métier, fonction, grade et titre. Enfin, nous remettrons en question dans un dernier temps cette stricte binarité des genres qui imprègne tous les niveaux de la langue.

Lire l’analyse complète publiée en avril 2017 : Analyse2017-sexisme_dans_la_langue_francaise