Analyse réalisée par Ghislaine Julémont

S’il est des inégalités sociales plus choquantes que d’autres, ce sont bien celles liées à l’origine sociale des enfants. L’hérédité de la richesse et de la pauvreté n’est plus à démontrer tant elle a fait l’objet de recherches et d’études à l’échelon aussi bien national qu’européen. Certaines institutions, l’école en particulier, ont été tout particulièrement dénoncées comme autant de vecteurs de la reproduction de l’ordre social, dont elle pérennise les hiérarchies établies en les légitimant1. Dans ce contexte, il peut paraître paradoxal que peu d’auteurs se soient jusqu’à présent intéressés aux effets potentiels des politiques familiales sur les inégalités sociales.

La politique familiale a ceci de particulier qu’elle conduit à la mise en oeuvre de mesures de soutien à l’entité familiale en tant que telle, en faisant abstraction des différences économiques, sociales et culturelles qui séparent les familles dans leur vécu quotidien. Cette conception politique fondée sur le principe d’égalité de traitement de toutes les familles en faisant fi de leur situation socioéconomique ne peut de toute évidence avoir d’autre effet que de maintenir – quand elle ne les renforce pas – les inégalités sociales qui les séparent plutôt que de les atténuer ou les gommer.

Le maintien des inégalités sociales lié à la politique familiale résulte de l’idéologie même qui préside depuis toujours à l’élaboration de celle-ci. Afin de bien en faire comprendre les enjeux, il paraît nécessaire de préciser dès à présent, sans pour autant entrer dans les détails, que la politique familiale vise en tout premier lieu à organiser la redistribution des richesses en faveur de ceux qui ont des enfants.

Lire l’étude complète publiée en 2013: Etude2013-allocations-familiales