Pour marquer cette Journée de lutte pour les droits des femmes, cette année, nous avons choisi de nous pencher sur les familles et particulièrement sur les politiques familiales.

Pourquoi parler des familles dans une approche féministe ? Comment les politiques familiales peuvent-elles et doivent-elles contribuer à réduire les inégalités femmes-hommes et les discriminations de genre ? En Belgique, les politiques familiales entendent soutenir les familles dans leur vie quotidienne. Il s’agit par exemple des allocations familiales, des créances alimentaires ou du congé parental. Ces politiques ont évolué à travers le temps, au gré des lois et des mentalités.

Jusque dans les années 1970, les politiques familiales devaient permettre aux femmes d’accomplir leur fonction maternelle avec plus d’aisance et de ressources. La plupart des associations féminines et féministes belges défendaient alors une vision complémentaire du couple où chacun·e était reconnu·e et valorisé·e dans sa différence par rapport à l’autre. Dans les années 1970, l’avènement d’une nouvelle génération de féministes change le regard sur la maternité. Les devoirs maternels et ménagers deviennent des obstacles majeurs à l’égalité des genres.

Soralia s’intéressent aux thématiques familiales au nom de l’égalité entre les femmes et les hommes et non plus dans une conception complémentaire des rôles familiaux. Nous défendons l’égalité au sein des couples à tous les niveaux, et ce par le biais notamment de politiques familiales qui visent à réduire les inégalités de genre. Parler de maternité et des familles en tant que mouvement féministe, c’est fondamental ! Les entraves à l’émancipation des femmes s’enracinent en partie dans la sphère familiale et prennent parfois des formes subtiles telles que le manque de places en crèche ou le congé de naissance de trop courte durée et facultatif.

En effet, au moment de l’arrivée de l’enfant, les mères subissent une diminution considérable, immédiate et persistante de leurs revenus tandis que la plupart des pères n’en sont pas affectés. Une des raisons est la suivante : suite à une naissance, les femmes réduisent plus souvent et plus longuement leur temps de travail que les hommes. En 2018, il s’agissait de 25% des femmes contre 8% des hommes selon les chiffres de l’Office belge de statistique4. Le recours au travail à temps partiel nous paraît hautement problématique quand il est contraint par un manque de solutions collectives : par exemple, quand une mère réduit son temps de travail par manque de place en crèche ou parce que les tarifs de celle-ci sont inabordables pour la famille.

Quelles sont les revendications de notre mouvement en matière de politiques familiales ?

  • Allocations familiales
    En Wallonie, près de 1 parent isolé sur 2 vivrait d’un revenu qui se situe sous le seuil de pauvreté. Augmenter le montant des allocations familiales est une des mesures envisageables pour lutter contre la précarité des familles monoparentales. Nous encourageons les organismes régionaux à mettre tout en oeuvre pour informer clairement et précisément le grand public quant aux nouvelles règles en vigueur. Nous souhaitons également que des solutions soient trouvées pour faciliter la répartition et l’utilisation des allocations familiales entre les parents partageant un hébergement égalitaire de leurs enfants.
  • Accueil de la petite enfance
    Selon les chiffres de l’ONE, le nombre d’enfants de 0 à 2,5 ans en Fédération Wallonie-Bruxelles au 1er janvier 2019 était de 129 009 pour 46 315 places disponibles ! Nous demandons une augmentation du nombre de places d’accueil, géographiquement et financièrement accessibles.
  • Articulation vie privée/vie professionnelle
    Dans 68% des cas, le congé parental est pris par les femmes. Pour encourager l’implication des pères dans la vie familiale, nous recommandons l’allongement du congé de naissance ainsi que des allocations compensatoires plus élevées pour tous les types de congés familiaux.
  • Créances alimentaires
    40% des personnes ayant normalement droit à une aide financière de leur ex-conjoint·e ou partenaire ne perçoivent rien du tout ou seulement une partie de la somme due, ce qui fait considérablement augmenter le risque de pauvreté de ces familles séparées. Les créances alimentaires constituent dès lors un moyen de lutter contre la précarité des familles monoparentales et donc par extension, la précarité des femmes. Le Service fédéral des Créances Alimentaires (SECAL) doit être plus accessible, plus performant et doit obtenir des moyens suffisants pour répondre aux besoins de tou·te.s les bénéficiaires.

Les politiques familiales doivent assurer aux familles une vie de qualité. Les pouvoirs publics doivent garantir le plein exercice de ce droit, ce qui passe notamment par de solides budgets et des choix politiques assumés. On ne parviendra pas à améliorer significativement le bien-être des familles et l’égalité femmes-hommes avec des « queues de budget ».

Pour aller plus loin, consultez notre étude « Politiques familiales et égalité femmes-hommes font-elles bon ménage ? »