Analyse réalisée par Mathilde Largepret

Discuter entre ami-e-s, famille, collègues ou encore avec des inconnu-e-s semble des plus naturels tellement cela est présent dans notre quotidien, cette activité est caractérisée par certaines règles précises. D’après les chercheurs Sacks, Schegloff et Jefferson, la conversation s’organise théoriquement de cette manière : une seule personne parle pour ensuite laisser la place à son interlocutrice/eur. Cependant, dans la pratique, cela en va souvent autrement. Dans cette analyse, nous nous concentrerons sur les déséquilibres liés aux genres dans la communication orale et décortiquerons divers mécanismes (manterruption, manspleaning, syndrôme de Cassandre, bropropriating…). Ces inégalités relèvent du « sexisme ordinaire », c’est-à-dire une forme de sexisme banalisé, qu’on ne remarque plus tellement il est ancré dans notre quotidien. Comme l’explique Corinne Monet dans une étude sur le sujet, « dans une société où la division et la hiérarchie des genres est si importante, il serait naïf de penser que la conversation en serait exempte. Elle précise que la conversation est une forme fondamentale de communication et d’interaction sociale et, à ce titre, elle a une fonction des plus importantes. Elle établit et maintient des liens entre les personnes, mais c’est aussi une activité « politique », c’est-à-dire dans laquelle il existe des relations de pouvoir».