Communiqué de presse – 28 mai 2023

Journée mondiale de l’action pour la santé des femmes : pollutions, changements climatiques… Quand la santé des femmes prend cher, Soralia et Solidaris disent non !

Le 28 mai est la journée mondiale d’action pour la santé des femmes. Cette journée est l’opportunité pour Solidaris et Soralia, mouvement féministe centenaire, de rappeler – tant qu’il le faudra – qu’il est indispensable de prendre en compte les sexes et les genres à chaque étape de notre système de santé  !

Les inégalités environnementales sont des inégalités sociales

Rapports du GIEC, épidémies mondiales, disparition de la biodiversité… Nous sommes en train de vivre une crise environnementale sans précédent. Il n’est donc pas étonnant que lorsque l’environnement se dégrade, la santé humaine se dégrade aussi. Les personnes les plus touchées par cette situation ne sont pas celles qui polluent le plus : les femmes sont majoritaires dans les luttes écologiques au sein du foyer et dans l’espace public et pourtant…

Lorsqu’un évènement extrême survient (comme les inondations en Belgique en 2022), les impacts physiques et psychologiques sont généralement plus importants pour les femmes que pour les hommes. En effet, les femmes sont davantage exposées aux violences tout en ayant moins accès aux services de secours et d’assistance[1]. De plus, en tant que dispensatrices de soins[2], ce sont majoritairement elles qui doivent continuer à assumer les obligations familiales, ce qui augmente leur niveau de stress.

Ces dernières sont aussi généralement plus pauvres et consomment donc moins de soins de santé. Cette situation plus précaire peut aggraver certaines maladies qui touchent déjà plus les femmes que les hommes. Certaines de ces maladies sont aussi en augmentation à cause de la dégradation généralisée de la nature. Une double peine pour les femmes.

Quand la santé globale des femmes est impactée

Non seulement les industries et le trafic automobile intense encrassent un peu plus les poumons et le cœur des femmes, mais aussi leurs os  ! Une étude américaine[3] met en évidence que les oxydes d’azote (un agent chimique dont une très forte concentration produit un gaz toxique) dégraderaient la masse osseuse des femmes ménopausées plus rapidement que les effets naturels de l’âge, particulièrement chez celles ayant de plus faibles revenus[4].

L’Alzheimer et la maladie de Parkinson ont augmenté de 70 % en 15 ans en Belgique (entre 2004 et 2019)[5]. La démence est devenue la 1ère cause de mortalité en particulier chez les femmes, qui vivent en moyenne plus longtemps que les hommes. De plus en plus d’études internationales démontrent un lien entre la pollution de l’air et ces 2 maladies sur le long terme[6] .

Selon l’UCLouvain, 1 Belge sur 10 ressent de l’éco-anxiété sévère. Quel que soit le niveau d’éducation, ce sont majoritairement les femmes et les plus jeunes (— de 40 ans) qui en souffrent[7].

Enfin, durant la pandémie, les personnes susceptibles d’avoir des symptômes graves dus au COVID-19 étaient celles qui vivaient déjà avec une ou plusieurs maladies. Les maladies chroniques ne cessent de croitre en Belgique depuis 1997 touchant particulièrement les femmes et les personnes ayant un plus faible revenu. Pourtant plus vulnérables, n’étaient-ce pas principalement les femmes qui ont continué à travailler durant toute la pandémie  ? Ces femmes aux métiers de vendeuses, de soignantes, du nettoyage… Aux faibles revenus, déjà malades et pourtant toujours en train de travailler !

Soralia et Solidaris rappellent que les inégalités sociales aggravent les effets de la pollution et du réchauffement climatique sur certains publics (selon l’âge, le handicap, l’origine, l’orientation sexuelle, etc.). Autrement dit, les personnes victimes d’injustices seront plus malades que les autres.

La menace n°1 de notre santé est aussi notre plus grande opportunité

En ce 28 mai, Soralia et Solidaris appellent donc la Belgique à renforcer drastiquement ses actions en faveur de l’environnement, de l’égalité et de la santé de la population !

Ces immenses dégradations de l’environnement sont la menace n°1 de notre santé au 21e siècle. Mais, agir pour l’environnement est notre plus grande opportunité pour améliorer notre santé. Selon le 6e rapport du GIEC, intervenir favorablement sur l’environnement sauverait des millions de vies. À titre d’estimation, plus de 1,2 millions de personnes survivraient en 2040 si on améliorait la qualité de l’air[8].

Mais, sans action politique, le pire est à venir. L’urgence climatique est là, les opportunités de changements aussi ! Une 2e révolution de santé publique est possible[9], à condition que les actions pour l’environnement et la santé tiennent compte en priorité des publics plus vulnérables, au risque sinon, de perpétuer voire d’aggraver des inégalités dont celles entre les femmes et les hommes.

Les solutions existent, mais elles ne sont pas suffisamment appliquées. Soralia et Solidaris milite pour davantage :

  • Décloisonner, systématiser et soutenir les relations entre santé-social-environnement au niveau des politiques publiques, au niveau des recherches (tout en ventilant les données selon le sexe et le genre) tout en faisant évoluer le système de santé (santé mentale et prévention comprises) ;
  • Renforcer la Sécurité sociale pour qu’elle puisse répondre favorablement aux enjeux de santé environnementale de la population ;
  • Favoriser la participation des femmes dans les instances de gouvernance et la prise de décision dans les domaines environnementaux, climatiques et de santé (et appliquer le gendermainstreaming) ;
  • Améliorer la représentativité politique dans ces mêmes instances, des personnes en situation de handicap, des personnes âgées, des jeunes…
  • Déconstruire le discours dominant de sur-responsabilisation individuelle de la pollution et recentraliser la lutte contre la pollution des multinationales. Plusieurs études démontrent que 71 % des émissions sont directement imputables à une centaine d’entreprises[10].

En tant que mouvement féministe et solidaire, Soralia et Solidaris réclament que la santé environnementale devienne une priorité et une finalité politique et rappelons non seulement qu’il est du devoir de l’État de protéger ses citoyen·ne·s mais que c’est un enjeu majeur pour garantir notre existence et celle de notre planète.

 Contact : anissa.dortenzio@solidaris.be

 

[1]VOS Coralie, « Justice climatique et égalité des genres : des liens étroits qui se renforcement mutuellement », CNCD 11.11.11, 11 mars 2022, https://bit.ly/3GyGB4v.
[2] En raison des rôles genrés dans notre société.
[3] PRADA Diddier et al., « Air pollution and decreased bone mineral density among Women’s Health Initiative participants », The Lancet,14/02/23, https://bit.ly/3UURAuU.
[4] MONOD Olivier, « La pollution de l’air accélère l’ostéoporose chez les femmes après la ménopause », Libération, 10 mars 2023, https://bit.ly/43O02QB.
[5] BELGA, « Progression de 70 % en 15 ans : cette maladie devient la première cause de décès en Belgique », RTL Info, 2022, https://bit.ly/44wC90i
[6] DUROU Amélie, « Effets à court et long termes de la pollution atmosphérique extérieure sur les troubles neurologiques », Santé publique France, 2021, https://bit.ly/3mWe95C.
[7] UCLOUVAIN, « 1 Belge sur 10 souffre d’éco-anxiété sévère », Article en ligne, 2021, https://bit.ly/3LslaFy.
[8] CAMPBELL-LENDRUM Diarmid, « Quels sont les principaux enseignements du 6e rapport du GIEC concernant la santé ? », Actes de colloque 2022, Santé Publique France, pp. 10-11.
[9] CICOLELLA André, « Santé et Environnement : la 2e révolution de Santé Publique », Santé Publique, 2010/3 (Vol. 22), pp. 343-351. DOI : 10.3917/spub.103.0343, https://bit.ly/40AqY3K.
[10] DION Cyril, Petit manuel de résistance contemporaine, Arles, 2021.