​Analyse réalisée par Julie Gillet

C’est pour une fille ou pour un garçon ?

A l’approche des fêtes, comme chaque année, les catalogues de jouets envahissent nos boîtes aux lettres. Au fil des pages en papier glacé, deux mondes se dessinent… D’un côté, un univers rose, doux, pelucheux, peuplé de poupées, de dinettes et de carnets intimes. De l’autre, place au noir, à l’action, aux aventures extraordinaires et aux super-héros. Le premier monde, celui des petites filles, les cantonne au maternage, aux rêves, à l’apparence physique. Le deuxième, celui des petits garçons, les pousse vers l’extérieur, le dépassement de soi, le combat. Il s’agit là de deux univers radicalement opposés, entre lesquels très peu de ponts sont faits. Certes, nous voyons ici et là une fillette assise derrière un jeu de construction, un garçonnet tenant un ourson par la patte, mais cela reste anecdotique.

Dans notre société actuelle, que l’on dit égalitaire, est-ce bien logique ? A l’heure où femmes et hommes travaillent, où femmes et hommes s’occupent des enfants, ne pourrait-on pas espérer des jouets reflétant davantage la réalité et sa diversité ?

Derrière chaque jouet se cache de nouvelles compétences à développer, de nouvelles aptitudes à acquérir. Par exemple, un enfant qui écrit dans son carnet intime apprendra à exprimer ses émotions. Un autre construisant un engin mécanique développera des compétences de planification. Séparer les univers de jeux peut donc empêcher les enfants de développer certaines compétences généralement attribuées à l’autre sexe. Là où généralement les garçons améliorent la maitrise de leur corps et apprennent à mieux se repérer dans l’espace, les filles développent leur dextérité et leur imagination. Mais n’est-ce pas des compétences utiles aux deux sexes ?

Nous déplorons que tous les enfants n’aient pas la possibilité de tester l’ensemble des jouets, d’acquérir l’ensemble des compétences. Il ne s’agit pas de refuser ou d’imposer un type de jouet à un enfant, mais d’ouvrir l’éventail des choix, de ne pas limiter l’enfant aux seuls jouets socialement attribués à son genre.

D’autant plus que la répartition sexuée va induire un conditionnement chez l’enfant qui peut avoir des répercussions sur sa vie future, notamment dans ses choix professionnels. Par exemple, les petites filles, habituées à soigner leurs poupées et faire la dinette, vont davantage se tourner vers les secteurs professionnels de la santé, du soin aux personnes, de l’enseignement. Des carrières bien moins rémunératrices que les filières scientifiques et techniques où l’on va pousser les petits garçons. Conséquence : les inégalités salariales entre les femmes et les hommes s’élèvent toujours à 20% en Belgique.

Lire l’analyse complète publiée en novembre 2015 : Analyse2015-dejouer le sexisme