​Analyse réalisée par Sophia Mesbahi

La spécificité de la prise en charge de personnes vivant en situation de violences conjugales réside dans la profonde inégalité des partenaires. Comme la victime anticipe pour chaque décision quotidienne la violence que son partenaire lui infligera potentiellement, la relation ne peut être égalitaire. Cette épée de Damoclès influence le moindre de ses actes et la coupe peu à peu de toute autonomie. Dans un tel contexte, est-il souhaitable d’envisager la médiation familiale ?

Soralia veulent insister sur le manque de ressources des médiateurs/trices pour faire face aux violences entre partenaires et intégrer ce contexte dans leur prise en charge. Soralia ont déjà dénoncé cette situation par le passé : « Il leur manque une formation spécifique aux questions de genre qui touchent inégalement les hommes et les femmes, comme les violences domestiques : les femmes qui en sont victimes, affaiblies psychologiquement par leur conjoint, peuvent apparaitre comme fragiles, ou, pire, comme instables, aux yeux de médiateurs non-formés à ce cas de figure » .

Au-delà du déséquilibre créé par la violence, le point de vue féministe en soulève un autre. En effet, dans la société dans laquelle nous évoluons, les femmes seraient moins entrainées à négocier et à se battre pour leur autonomie financière. Ainsi, si une femme quitte une relation au sein de laquelle un déséquilibre financier existait, la médiation aura tendance à renforcer cette inégalité. En conséquence, Soralia souhaitent que pour toute médiation engagée, le professionnel qui joue le rôle de tiers tienne absolument compte du déséquilibre dans le couple pour aboutir à la solution la plus satisfaisante pour les deux parties.

En conclusion, pour tous les cas où un partenaire prend le pouvoir sur l’autre, où la victime craint pour sa sécurité et qu’elle ne peut parler librement en présence de l’auteur des violences, nous estimons que la médiation est à éviter.

Lire l’analyse complète publiée en juillet 2015 : Analyse2015-mediation-et-violences