Etude écrite par Eléonore Stultjens

En 2016, les Femmes Prévoyantes Socialistes ont publié une étude sur l’impact de la réforme chômage de 2012 sur les femmes et, plus précisément, les effets sur l’ensemble de leurs droits sociaux (pension, invalidité, maternité, soins de santé et allocations familiales) . Cette année, nous avions souhaité aller à la rencontre de ces femmes pour écouter et faire remonter leurs paroles et leurs expériences. Suite à la limitation des allocations d’insertion dans le temps et aux durcissements des sanctions à l’égard des bénéficiaires des allocations de chômage, de nombreuses personnes ont émargé  au CPAS (Centre public d’actions sociales). Un passage du chômage au CPAS qui se distingue d’un passage vers l’emploi, car nous assistons à une dégradation progressive de la frontière entre Sécurité sociale et aide sociale. C’est pourquoi la question de départ de cette publication fut : « Passer du chômage au CPAS : quel est le vécu de ce parcours pour les femmes ? »

Pour répondre à cette question, nous avons rencontré et interviewé six femmes vivant en Fédération Wallonie Bruxelles qui ont soit connu une fin de droit aux allocations d’insertion soit une exclusion du système d’allocations de chômage. Ces récits ont en commun un passage nécessaire au CPAS à la suite de leur expulsion, à l’exception d’une personne dont l’expérience témoigne de la dimension non linéaire entre les différentes institutions de la Sécurité.

Cette étude d’éducation permanente se présente en quatre parties. La première permet de poser les prérequis à la lecture des parcours des femmes bénéficiaires, à travers la description simplifiée de l’assurance-chômage et des aides sociales. Ensuite, nous passons de la technique à la réalité en analysant de façon transversale les discours de ces six femmes. Nous parcourons les contours des exclusions du chômage La prochaine étape nous mène au passage au CPAS. Expérimenté de multiples façons, le CPAS peut, par exemple, se vivre comme une expérience à fort coût symbolique, comme une simple continuité du chômage, comme une offre de service imprévu ou encore comme une ressource à laquelle l’accès est refusé. Ces clés d’analyse seront croisées avec les dimensions de genre qui traversent le parcours des bénéficiaires rencontrées dans le cadre de la présente étude. Notre analyse des discours se terminera par les difficultés financières et sociales engendrées par la réforme. En troisième lieu, nous replacerons les discours parcourus dans une logique macro d’activation. Les violences sociales des politiques néolibérales ainsi dévoilées nous mèneront pour finir à l’élaboration de plusieurs revendications féministes progressistes de gauche.