La situation en Tchétchénie est aujourd’hui des plus préoccupantes. Dans un article du début du mois d’avril, le journal indépendant russe Novaya Gazeta dénonçait l’opération de répression envers les personnes homosexuelles ou soupçonnées de l’être, entreprise par les autorités tchétchènes depuis la fin mars. Il confirmait l’information qui circulait déjà dans les associations de défense des droits humains.

Aujourd’hui, selon un envoyé spécial du New-York Times, plus de cent personnes sont détenues dans des prisons secrètes près de Grozny et sont victimes d’actes de torture, de traitements inhumains et dégradants. Les autorités locales persécutent les familles et les incitent à tuer leurs proches homosexuel-e-s pour « laver leur honneur ». Selon Novaya Gazeta, au moins deux personnes ont été assassinées par les membres de leur famille et une troisième est morte des suites d’actes de torture. Des témoins affirment que le nombre de morts serait plus élevé encore.

Cette vague de répression ferait suite aux démarches entreprises début mars par des militants de la communauté LGBT qui voulaient organiser des Gay Prides dans plusieurs villes du Caucase du Nord. Peu après leur demande, l’ordre fut donné d’entreprendre un « nettoyage préventif ». Selon The Independent, Alan Duncan, député britannique, a affirmé que le président Tchétchène Ramzan Kadyrov comptait « éliminer » tou-te-s les homosexuel-le-s du pays d’ici le début du Ramadan, le 26 mai.

La présidence tchétchène nie toutes les formes de violences exercées envers les personnes homosexuelles et va jusqu’à nier l’existence même de l’homosexualité dans la République. Selon son porte-parole, dont les propos ont été retransmis par le New York Times, « si ces personnes existaient en Tchétchénie, la loi n’aurait pas à se soucier d’eux, vu que leurs propres parents se seraient déjà occupés définitivement de leurs cas. ». Moscou a appuyé dans un premier temps le démenti de la Tchétchénie. Poutine a ensuite déclaré soutenir l’enquête ouverte le 1er mai au Parquet général russe suite aux « rumeurs » qui circulaient « à propos des gens qui auraient une sexualité non traditionnelle dans le Caucase ». Les personnes en charge de l’enquête ont assuré n’avoir reçu « aucune plainte officielle » de victimes, information vis-à-vis de laquelle s’est indignée Tania Lokchina, de l’ONG Human Rights Watch : « Imaginer que des personnes viennent témoigner sans garantie de sécurité est tout simplement impossible. […] Les personnes LGBT, déjà extrêmement vulnérables, doivent, en plus des autorités, craindre leurs propres familles ».

En réaction à ces terribles événements, des pétitions adressées aux autorités russes (lancées par Avaaz, Amnesty,…) circulent actuellement dans le but de faire cesser les violences exercées à l’encontre des personnes homosexuelles en Tchétchénie. Des manifestations ont également eu lieu dans plusieurs pays. Mais ces mouvements citoyens ne suffisent pas face à l’ampleur du drame.

C’est pourquoi les Femmes Prévoyantes Socialistes mettent en exergue la nécessité de la part des différents acteurs internationaux de s’intéresser vivement au cas tchétchène. Cinq chefs de la diplomatie de pays européens ont écrit le 28 avril à leur homologue russe, Sergueï Lavrov, pour exprimer leur « profonde inquiétude » concernant le sort des homosexuel-le-s en Tchétchénie. Angela Merkel a demandé à Vladimir Poutine le 2 mai pour user de son « influence » pour que les homosexuel-le-s soient respecté-e-s en Tchétchénie.
La Belgique se doit également de se positionner d’une manière ferme face aux dangers encourus par les habitants tchétchènes, et ce dans les plus brefs délais. Elle se doit d’exercer une pression sur le président russe Poutine qui, par son influence, pourrait faire cesser très rapidement toutes les arrestations et persécutions subies aujourd’hui par les personnes homosexuelles en Tchétchénie. Dans l’optique de protéger au plus vite les personnes persécutées en Tchétchénie, la Belgique pourrait aussi, dans la lignée du Canada, offrir des visas d’urgence aux personnes tchétchènes qui ne sont pas en sécurité au sein de leur pays.